Le public de Bouregreg, scène africaine de Mawazine à Rabat, a vibré, jeudi soir, au rythme des "Ambassadeurs" de la musique malienne, un groupe aux influences africaines diverses, désormais habitué du festival et des grands rendez-vous artistiques qui se tiennent au Maroc.

"A chaque fois nous sommes conviés pour un événement culturel en Afrique, nous sommes enchantés, nous venons pour s'auto-ressourcer, et là il s'agit du Maroc, un beau pays où on se sent chez-nous", a confié, dans un entretien à la MAP, Cheick Tidiane Seck, porte-parole du groupe composé également de "Salif Keita" et "Amadou Bagayoko".

A l'instar des autres membres du groupe, il s'est dit ravi de se produire de nouveau dans le Royaume, en particulier au Festival Mawazine, une belle vitrine de la musique africaine et un lieu de brassage des cultures au niveau mondial.

"Les Ambassadeurs", qui s'étaient produits il y a moins d'un moins au festival gnaoua d'Essaouira, ont fait découvrir ou redécouvrir au public de Mawazine son répertoire, un groove lancinant orchestré par la basse, le balafon et les percussions, cuivres aux consonances afro-cubaines et solos d'une rare intensité, le tout magnifié par le chant déchirant de Salif. C'est la marque indélébile que "Les Ambassadeurs" ont laissée sur la musique moderne du Mali.

"Notre musique est une synthèse de tout ce qui est musique traditionnelle africaine, propulsée vers le plus dur, à travers les sonorités dites classiques. Elle est indéfinissable", a expliqué Cheick Tidiane Seck.

Il réfute le terme "World Music" que d'aucuns ont tendance à qualifier le répertoire de son groupe, insistant qu'il s'agit d'"une musique africaine et non une musique du monde".

Une musique qui s'enrichit, à ses yeux, de ses diverses influences africaines, y compris les rythmes marocains et nord-africains, car "tout est lié : nos histoires et nos peuples de l'Afrique, rapprochés par la ville de Tombouctou, la plus grande bibliothèque du monde. Un brassage culturel est déjà là".

"Notre oreille n'est pas si étrangère à la musique orientale, et c'est donc naturel pour nous de venir ici où on peut jouer avec n'importe quel groupe du Maroc", a relevé le porte-parole du groupe, qui a déjà à son actif plusieurs collaborations notamment avec les célèbres maîtres de la musique gnaoua, dont les Maâlem Mahmoud Guinea et Hassan Boussou.

"On vient tout juste d'Essaouira où une ambiance de communion s'était instaurée autour de la musique gnaoua. C'était superbe, magnifique !", s'est-il réjoui, se félicitant du climat de stabilité et la dynamique de développement qui favorise la tenue de ce genre de festivals au Maroc.

Une situation qui est confortée, a-t-il dit, par la vision africaine de SM le Roi Mohammed VI, comme en témoignent les différentes tournées du Souverain dans le continent, la dernière étant en cours.

Pour ce qui est du message des Ambassadeurs au public de Mawazine, il sera le même que le groupe a l'habitude d'adresser lors de sa participation à des rencontres africaines : "Soyons forts ensemble, réécrivons l'Afrique nouvelle ensemble, et ne pas attendre que les G8 et G20 décident pour se contenter de suivre".

Formé au début des années 1970 par Salif Keita et Kante Manfila, le groupe ouvre la voie à l'explosion des musiques du monde et connait, pendant plus de 10 ans, le succès en Afrique de l'Ouest et au-delà. Aujourd'hui, Les Ambassadeurs se reforme et rassemble sur scène trois de ses piliers : Salif Keita, Cheick Tidiane Seck et Amadou Bagayoko (Amadou & Mariam).