Monnaie commune de 14 pays d’Afrique soit de 155 millions d’habitants, le franc CFA est accusé par ses détracteurs de favoriser les intérêts de l'Hexagone, ex-puissance coloniale, tandis que ses défenseurs soulignent l’importance d’une monnaie commune stable.

Le franc CFA, ami ou ennemi de l'économie africaine? Si ce vieux débat a été relancé, c'est parce que Kémi Séba, un polémiste sénégalais a brûlé un billet de banque attisant ainsi les feux de la controverse.

Bon nombre d'économistes africains ou étrangers s'accordent à dire que la parité fixe avec l’euro est un gage de stabilité qui pointent du bout du doigt le Nigeria et le Ghana, deux pays qui traversent de fortes turbulences économiques et dont les monnaies flottantes – le naira et le cedi – ont dévissé lors de la dernière décennie.

Pour Hervé Tao, un Franco-Ivoirien chef d’une entreprise d’import-export, l’avantage du franc CFA n'est pas à négliger.

«Ne pas avoir de problème de change et de gestion des écarts de change apporte un grand confort de travail”, explique-t-il. «J’ai déjà travaillé avec la zone dollar, il faut sans cesse gérer les fluctuations monétaires et réétudier les prix des produits ».

«La parité fixe apporte une stabilité aux économies africaines et permet de maintenir une inflation basse », certifie Noël Magloire Ndoba, consultant et ancien doyen de la Faculté des sciences économiques de Brazzaville.

« Mais l’arrimage à l’euro, monnaie forte, pose problème pour les économies africaines essentiellement agricoles ou minières et peu productives » , tient-il à préciser.

Opposant déclaré au CFA, Demba Moussa Dembélé, directeur du Forum africain des alternatives, entrevoit que « le franc CFA est un frein au développement économique, car il ne profite pas aux petites et moyennes entreprises africaines ».

La liberté de circulation des fonds entre la France et la zone franc entraîne « une fuite des capitaux et des bénéfices des entreprises », note l’auteur du livre « Sortir l’Afrique de la servitude monétaire : à qui profite le franc CFA ? ».

Somme toute, force est de constater que les PME africaines n’ont pas accès aux financements bancaires à cause de la politique de restriction monétaire que les banques centrales africaines sont obligées de suivre, calquée sur celle de la Banque centrale européenne.

Affaire à suivre