Directrice générale de l'Alliance des Femmes de la Francophonie Canadienne, Soukaina Boutiyeb milite pour promouvoir la contribution des femmes au sein de la communauté francophone et leur permettre de s'épanouir pleinement dans la langue de Molière. Interview

Quelle est votre perception de l'intégration au sein de la société canadienne?

L’intégration dans une nouvelle société peut être un processus complexe et multidimensionnel (linguistique, économique, social, culturel, politique, etc.) Au Canada, notre société est multiculturelle et nous en sommes fier. En effet, le multiculturalisme est une valeur profondément ancrée dans notre société. Quand nous voyons des divisions et des discours xénophobes de la part de certains gouvernements ailleurs dans le monde, en contrepartie, on se définit comme une société multiethnique de confessions religieuses diverses et c’est ce qui fait notre force. En tant que jeune femme issue d’une minorité culturelle, j’étais déterminée à m’impliquer dans ma société d’accueil et contribuer à l’avancement de cette dernière. Je reconnais que le fait d’avoir immigré à un si jeune âge fut à mon avantage vu que je n’ai pas dû nécessairement dépasser les mêmes difficultés qu’une autre personne ayant immigré à un âge plus avancé (par exemple au niveau de sa reconnaissance de diplôme ou de son expérience de travail). Mais en général, je crois fortement que l’ambition de la personne et sa volonté de s’intégrer positivement sont la clef de son succès.

Quelle a été votre première réaction quand vous avez été nommée directrice générale de l'AFFC?

Ce n’était pas la première fois que j’occupais un poste de direction générale. Avant j’étais directrice générale d’un organisme provinciale vouée à la promotion du patrimoine et de l’histoire franco-ontarienne.

C’est avec beaucoup de fierté que j’ai accepté ma nomination en tant que directrice générale d’un organisme pancanadien, porte-parole des femmes francophones vivant en situation minoritaire.

je suis en outre, directrice générale de l'Alliance des femmes de la francophonie canadienne et je viens d'être nommée présidente de l'ACFO d'Ottawa (association des communautés francophones d'Ottawa). Par ailleurs, je suis présidente de la Maison d'amitié (maison d'hébergement pour femmes victimes de violence familiale).

Je siège également au Conseil d'administration du Centre franco-ontarien de folklore

​Quels sont ​les projets ​socioculturels ​qui vous tiennent le plus à cœur?

Le rayonnement de la francophonie, l’amélioration de la condition féminine, le dossier Ottawa bilingue

Malgré que le Canada soit un pays ayant deux langues officielles , l’anglais et le français, Ottawa (la capitale nationale du pays) n’est pas encore reconnue officiellement bilingue. Ma priorité est de suivre le dossier de la désignation bilingue de la Ville d’Ottawa.​

Comment s'est déroulée votre propre intégration à la société canadienne?

Née à Casablanca, où j'ai vécu jusqu’à l’âge de 14 ans, j'ai ensuite émigré au Canada (à Ottawa) avec ma famille. Mon vécu personnel à énormément influencé​ mon choix d’études. Je détiens un baccalauréat ( 4 ans d’université) en développement international et mondialisation avec une mineure en études des femmes de l’Université d’Ottawa et une maîtrise (master= 2 ans d’université) en Étude de conflits de l’Université Saint-Paul. Grâce à mes études, j’ai pu comprendre les enjeux dans ma communauté. Je voulais ainsi faire partie d’une solution, ce qui m’a amenée naturellement à m’impliquer dans ma communauté. Je me suis alors engagée dans différents organismes ayant pour but d’améliorer les conditions socio-économiques des femmes ou dans des organismes ayant pour mission de militer pour les droits des communautés de langue officielle en situation minoritaire.

 

Propos recueillis par Houda Belabd