Mohammed ben Salmane (MBS) entame ce mardi 20 mars 2018 une visite officielle aux USA. Sans surprise, Washington, première étape de cette visite qui devrait durer trois semaines, déroulera le tapis rouge pour le prince héritier saoudien qui sera certainement reçu, à bras ouverts, par Donald Trump. Le Président américain avait visité l’Arabie saoudite en mai 2017 et il en est revenu avec des contrats de plus de 380 milliards de dollars dont 110 milliards pour des ventes d'armements.

Lors de la rencontre de MBS avec Trump, il sera question de concrétiser les contrats signés à Riyad, mais aussi de discuter de questions hautement politiques. Les principales seront : l’avenir des relations avec l’Iran, la guerre au Yémen et la tension persistante avec le Qatar.

Pour annoncer la couleur, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Al-Jubeir a déclaré à la presse à Washington, à la veille de l’arrivé du prince héritier saoudien : "Nos relations avec les Etats-Unis n'ont jamais été aussi bonnes". Il estime que son pays et les USA sont des alliés ayant des visions "pratiquement identiques" sur de nombreuses crises régionales, du Yémen à l'Afghanistan en passant par le rôle jugé négatif de l'Iran au Moyen-Orient.

Par ailleurs, le chef de la diplomatie saoudienne a d'ailleurs insisté sur ce qui devrait être un message-clé de la première visite de "MBS" aux Etats-Unis: "il y a deux visions antagonistes" dans la région, celle de "la lumière", portée par le royaume sunnite, et "la vision des ténèbres" poussée par l'Iran chiite. "Et la lumière triomphera toujours sur les ténèbres", a-t-il assuré, critiquant les "défauts" de l'accord sur le nucléaire iranien dont le président américain menace de se retirer.

Adel Al-Jubeir a longuement défendu la politique de l'Arabie saoudite, en interne comme en externe.

Sur le Yémen, où une coalition arabe menée par Ryad est entrée en guerre en 2015 pour venir en aide au gouvernement réfugié dans le sud du pays face aux rebelles houthis soutenus par Téhéran: "nous n'avons pas voulu de cette guerre", "nous voulons avoir un processus politique" mais les Houthis n'en veulent pas, a-t-il résumé.

Il a ajouté que la délégation saoudienne expliquerait cette "réalité" aux membres du Congrès qui envisagent de mettre des restrictions au soutien militaire américain à Ryad dans le conflit yéménite.

Sur la crise née de la rupture des relations avec le Qatar voisin en juin, dans l'impasse malgré les tentatives de médiation américaines: "la question du Qatar" est "mineure" par rapport aux autres dossiers régionaux, a-t-il estimé. Demandant une nouvelle fois à Doha de cesser de soutenir le "terrorisme", il a assuré que les Saoudiens n'étaient "pas pressés", la résolution de cette dispute "prendra le temps qu'il faudra".

Le diplomate a enfin vanté les réformes de société de "MBS" pour moderniser un royaume porteur d'un islam rigoriste ainsi que la purge menée, y compris contre plusieurs princes, au nom de la lutte anticorruption. "Il n'y a pratiquement aucune opposition" face à ce mouvement très rapide, "les gens nous soutiennent beaucoup", a-t-il affirmé.