A la veille de sa participation à Marrakech à la Conférence intergouvernementale sur la migration (10 et 11 décembre 2018), le Secrétaire Général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a salué dans une interview exclusive à la MAP la décision du Roi Mohammed VI d’accueillir. Convoqué par l’ONU,  à ce conclave mondial permettra d’adopter officiellement le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

La conférence de Marrakech sera marquée par la participation d’au moins 150 Etats membres, selon les Nations-Unies, qui s’attendent aussi à la présence d’au moins une vingtaine de Chefs d’Etat et de Gouvernement à ce rendez-vous mondial.

Le texte du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières a été approuvé le 13 juillet dernier par les Etats membres sous l’égide de l’Assemblée générale des Nations-Unies et a été salué par Guterres comme « une réalisation importante » et un « plan d’action complet » qui vise à s’adapter aux particularités nationales pour relever les défis et les opportunités de la mobilité humaine.

Ainsi, pour le chef de l’ONU, la Conférence de Marrakech sera « un tremplin ». « Elle signale le moment à partir duquel tous ceux concernés s’engagent à travailler ensemble sur toutes les questions de migration ».

« Marrakech va donc ouvrir la voie à la mise en œuvre du Pacte mondial », a-t-il affirmé, notant qu’il s’agit là du « tout premier accord mondial sur une approche commune des migrations internationales ».

L’adoption du Pacte mondial à Marrakech sera « un jalon historique pour la coopération internationale », en ce sens que le Pacte représente une « occasion unique d’améliorer cette coopération en matière de migration et aussi de renforcer la contribution des migrants et des migrations au développement durable », a estimé le Secrétaire Général de l’ONU.

« La mobilité humaine, a-t-il expliqué, a toujours fait partie de l’Histoire mais avec ce Pacte, nous aurons un cadre de coopération pour mieux gérer les migrations aux niveaux local, national, régional et mondial – même si celui-ci n’est pas juridiquement contraignant ».

« L’adoption du Pacte à Marrakech est l’aboutissement de plus de 18 mois de consultations et de négociations intensives. C’est, selon moi, une discussion indispensable pour la communauté internationale », a ajouté Guterres.

Message de Guterres au monde

Interrogé sur le message qu’il va porter à la Conférence de Marrakech, le chef de l’ONU a dit : « Mon message est basé sur un constat simple: plus de 258 millions de migrants dans le monde vivent aujourd’hui hors de leur pays de naissance et ce chiffre va certainement augmenter en raison d’un certain nombre de facteurs comme la croissance démographique globale, la connectivité croissante et les changements climatiques ».

« La migration offre d’immenses possibilités et avantages pour tous ceux concernés – que ce soit les migrants eux-mêmes, les communautés d’accueil ou les communautés d’origine. Mais elle peut aussi présenter des défis importants si elle est mal réglementée », a-t-il relevé.

« C’est pourquoi nous avons besoin de politiques rationnelles et d’une coopération internationale accrue », a noté Guterres, affirmant dans ce sens que le Pacte mondial est un plan d’action complet qui vise à s’adapter aux particularités nationales pour relever les défis et les opportunités de la mobilité humaine.

Concernant l’engagement du Maroc en faveur de la question migratoire, le Secrétaire Général des Nations-Unies a souligné que le Royaume a été « très actif » dans le domaine des migrations sur le plan national comme sur celui international.

« Le Maroc est, pour beaucoup de migrants, un pays de transit avant de rejoindre l’Europe. En tant que pays d’accueil, comme beaucoup de pays, le Maroc rencontre certains défis en matière d’intégration des migrants et de la protection des plus vulnérables – deux questions complexes », a-t-il estimé. Et de souligner, à cet égard, que les Nations-Unies et le Maroc « travaillent ensemble afin de contribuer à la Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile marocaine. Cela ouvre naturellement la voie à la mise en œuvre du Pacte mondial dans le pays ».

« Les Nations Unies continueront à soutenir le Maroc dans ses efforts, et à trouver des synergies avec tous les partenaires nationaux et internationaux qui coopèrent avec le pays pour répondre aux migrations tout en respectant les priorités nationales », a assuré Guterres.

Evoquant la Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile, adoptée par le Royaume en 2013, le chef de l’ONU a estimé que cette initiative constitue « une étape essentielle puisqu’elle intègre les questions de migration dans les politiques nationales ».

« Le Royaume du Maroc joue également un rôle clé au sein de l’Union africaine afin de renforcer encore davantage sur ce continent la coopération et le dialogue concernant les migrations. Ceci est fondamental pour une bonne gestion des migrations », a conclu le Secrétaire général de l’ONU.