La Haute cour du Botswana a contré vendredi une tentative du président Ian Khama de modifier les règles de vote du Parlement, alors qu'il est soupçonné de promouvoir son frère à la vice-présidence.

M. Khama, reconduit pour un deuxième mandat dimanche dernier, souhaitait que le vice-président soit élu par les parlementaires à main levée, et non par un vote à bulletin secret.

"Le vote à bulletin secret est la marque d'une élection libre et juste dans notre système de démocratie représentative", a déclaré le juge Michael Leburu, membre de la Haute cour de Gaborone.

"Le droit de vote est un élément indispensable de notre démocratie. Il est donc important que le vote demeure libre de toute intimidation ou coercition", a-t-il ajouté.

Le règlement parlementaire prévoit un vote à bulletin secret pour l'élection du vice-président, ainsi que pour celle du président et du vice-président du Parlement.

Mais les avocats du gouvernement botswanais et du Parti démocratique du Bostwana (BDP), le parti au pouvoir, ont avancé que ce mode d'élection allait contre les ambitions de "transparence et d'ouverture" de la Constitution, et demandé le retour au vote à main levée.

Cette requête a été largement dénoncée comme une façon de placer Tshekedi Khama, frère cadet du président et ex-ministre du Tourisme, de l'Environnement et de la Faune sauvage, au poste de vice-président.

Les avocats des partis d'opposition ont fait remarquer que Ian Khama lui-même a été élu vice-président en 1999 et 2004 par un vote à bulletin secret, et non à main levée.

Ils ont également affirmé que le vote à bulletin secret protégeait les parlementaires de l'influence du président, argument qui a été retenu par les juges.

La coalition d'opposition UDC (Collectif pour un changement démocratique) a salué une "victoire pour la démocratie" après la décision de la Haute cour.

Le président Ian Khama, 61 ans, a été investi en octobre pour un second mandat après la victoire de son parti, le BDP, qui dirige le pays sans discontinuer depuis l'indépendance en 1966. Il a fait un score inférieur à 50% des voix (46,7%).

Si le Botswana est souvent cité en exemple en Afrique pour sa bonne gouvernance, le parti au pouvoir a récemment été accusé de tenter de museler ses opposants.