La Gambie n'acceptera l'aide d'aucune organisation lui imposant d'accepter au préalable l'homosexualité, a affirmé son gouvernement, citant l'Union européenne, sur fond d'inquiétudes internationales autour d'une loi gambienne durcissant la répression contre les homosexuels.

"Nous, le gouvernement et le peuple gambiens, disons très clairement à l'Union européenne (UE) et à toute organisation étrangère qui veut imposer l'acceptation de l'homosexualité comme condition préalable pour leur aide que nous n'accepterons jamais cette conditionnalité, peu importe le montant concerné", a déclaré le ministre gambien des Affaires étrangères, Bala Garba Jahumpa, dans un communiqué reçu lundi par l'AFP à Banjul.

L'homosexualité est interdite en Gambie, où elle était jusqu'à récemment passible de 14 ans de prison, en dépit des appels de la communauté internationale au respect des droits des homosexuels.

Selon Amnesty International et Human Rights Watch, le président gambien Yahya Jammeh a promulgué le 9 octobre une nouvelle loi, votée en août, instaurant le crime "d'homosexualité aggravée" passible de la prison à vie. Ces ONG craignent que le texte, rédigé en termes vagues, cible des personnes séropositives ou vivant ouvertement leur homosexualité.

Le 24 novembre, les Etats-Unis ont exprimé leur "profonde inquiétude" et leur "consternation" face à cette nouvelle loi en Gambie où, d'après Amnesty, plusieurs personnes ont été arrêtées durant le mois de novembre lors d'une opération visant les homosexuels.

"Les relations de la Gambie avec tout pays ou toute organisation sera basée sur le respect mutuel, le respect de souveraineté et des valeurs d'indépendance et de religion" de cet Etat anglophone, a affirmé le ministre Jahumpa.

Il a par ailleurs indiqué que Banjul ne signera pas les "accords de partenariat économique" (APE) que tente de conclure l'UE avec des pays en développement, sans grand succès.

Les APE prévoient d'ouvrir progressivement 80% du marché des pays signataire aux importations de l'UE qui, en contrepartie, s'engage à ouvrir totalement et immédiatement son marché à leur égard.

"La Gambie ne participera jamais à un prétendu accord de partenariat économique avec les Européens car il est conçu pour continuer à exploiter et appauvrir le continent africain. Nous préférerions mourir plutôt que d'être colonisé deux fois", a ajouté le ministre.

"Nous ne seront plus membres d'un bloc ou d'une organisation sous-régionale qui permettra l'exploitation raciste perpétuelle, le pillage et l'humiliation de l'Afrique" notamment, a-t-il conclu.

Ex-colonie britannique, la Gambie est dirigée depuis 1994 par Yahya Jammeh, dont le régime est régulièrement accusé de violations des libertés et droits humains.