L'Ethiopie pleurait mardi ses 28 ressortissants chrétiens exécutés par le groupe Etat islamique en Libye, au premier jour d'un deuil national de 72 heures. Le deuil a été officiellement décrété par le Parlement dans la matinée, alors que des chefs religieux et les familles des victimes avaient déjà commencé à rendre hommage aux personnes exécutées, des migrants arrivés en Libye dont certains rêvaient d'Europe.

Parmi ces proches figurait Tesfaye Wolde, le frère de Balcha Belete, identifié avec un ami, Eyasu Yekuneamelak, sur la vidéo de l'exécution mise en ligne dimanche par le groupe Etat islamique (EI). "Je les ai vus agenouillés. Un homme masqué pointait un pistolet sur mon frère et son ami avait un couteau sous la gorge. Je les ai tout de suite reconnus", témoigne-t-il.

Agés d'une trentaine d'années, Balcha et Eyasu étaient partis ensemble il y a deux mois.

Balcha était "parti en Libye pour passer en Italie. Il voulait aller en Italie ou en Afrique du Sud", poursuit son aîné, devant une petite maison de briques et de tôles dans le quartier de Cherkos, à Addis Abeba, où s'est réunie une foule grave et silencieuse pour présenter ses condoléances aux familles.

Les deux hommes avaient quitté l'Ethiopie discrètement, par le Soudan, sans rien révéler de leurs intentions. Balcha ne se satisfaisait pas de son petit boulot d'électricien dans la capitale éthiopienne. "Il s'est laissé convaincre par un ami déjà installé en Libye", ajoute son frère. Les jihadistes de l'EI l'ont capturé avant qu'il n'ait pu tenter sa chance sur les embarcations de fortune vers les côtes européennes. "Ce sont des animaux! Ils sont en dehors de toute humanité", s'emporte-t-il.

AFP