Le ministre de la Justice de Centrafrique, Aristide Sokambi, a déclaré, lors de la première réaction officielle, que le gouvernement centrafricain va engager des "poursuites" contre des militaires français soupçonnés de viol d'enfants à Bangui, rapporte l’AFP. "Des poursuites vont être engagées (...) c'est quand même des actes très graves", a affirmé le ministre à propos des accusations de viols sur mineurs commis en 2014 dans un camp de déplacés, situé près de l'aéroport M'Poko et du camp de l'opération militaire française Sangaris. "Nous déplorions le fait de ne pas avoir été associés à ces investigations alors que nous avons des accords de coopération avec la France. Donc, j'ai instruit le procureur de la République pour ouvrir une enquête, puis essayer de prendre les éléments qui sont déjà à la disposition de la partie française", a-t-il précisé. Le ministre a regretté que son pays n'ait pas été alerté par la partie française. "Le pays aurait dû être associé parce que tel que les accords le prévoient, nous devons ensemble faire les investigations", a-t-il dit. Selon une source judiciaire française, 14 soldats français sont mis en cause dans cette affaire potentiellement désastreuse pour l'image de la France et de son armée en Afrique, dont certains, "très peu" selon cette source, ont été identifiés par l'enquête, ouverte en France fin juillet 2014 et toujours en cours.

Le 30 avril, le procureur de la République centrafricain Ghislain Grésenguet avait annoncé avoir ouvert une enquête dans son pays: "Nous allons prendre contact avec le bureau des Nations unies chargé de cette affaire et les autorités françaises pour leur demander de nous communiquer les documents y afférant".

Une enquête interne a été menée à notre insu alors que les victimes sont à Bangui (...) Des ONG et organes de l'ONU sont descendus sur le terrain sans nous informer, nous n'avons pas compris pourquoi", avait-t-il accusé.

Après les révélations du quotidien britannique The Guardian, le ministère français de la Défense a expliqué avoir été saisi "de témoignages d'enfants centrafricains accusant d'agressions sexuelles des militaires français de l'opération Sangaris".

Ces témoignages ont été recueillis par des personnels de l'ONU déployés en Centrafrique. Ils "retracent des faits qui auraient été commis sur une dizaine d'enfants, sur le site de l'aéroport de M'Poko (à Bangui), entre décembre 2013 et juin 2014", précisait le ministère de la Défense français.