Selon la première édition 2015 de la Vue d’ensemble régionale de l’insécurité alimentaire en Afrique subsaharienne, l’Angola, le Djibouti, le Cameroun, le Gabon, le Ghana, le Mali et Sao Tomé-et-Principe ont atteint à la fois la cible 1.c des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), à savoir réduire de moitié la proportion de la population souffrant de la faim et celle, plus rigoureuse, du Sommet mondial de l’alimentation (SMA), de réduire de moitié le nombre absolu de personnes souffrant de malnutrition.

L’Afrique de l’Ouest, en particulier, a accompli des progrès remarquables, en réduisant la prévalence de la sous-alimentation de 60%: elle est de 9,6% en 2014-2016, la période d’évaluation actuelle, contre 24,2% en 1990-1992.

« En termes absolus, cela signifie une réduction de près de 11 millions du nombre de personnes souffrant de la faim, ce qui est un progrès considérable si l’on prend en compte la croissance rapide de la population et les sécheresses récurrentes dans les pays du Sahel », a déclaré M. Bukar Tijani, Sous-directeur général et Représentant régional de la FAO pour l’Afrique. Il a aussi fait remarquer que les 25 dernières années ont connu « une transformation structurelle profonde » avec d’importants changements démographiques, économiques et politiques sur le continent.

« Le nombre d’enfants présentant une insuffisance pondérale a reculé au cours des 20 dernières années en Afrique subsaharienne ; cependant, celui des enfants affectés par le retard de croissance a stagné tandis que le surpoids est en hausse parmi les enfants de moins de cinq ans», a-t-il ajouté.

Aujourd’hui, environ une personne sur quatre souffre de la sous-alimentation en Afrique subsaharienne contre une personne sur trois il y a 25 ans.

En dépit des progrès accomplis, le déficit demeure considérable quant à l’objectif visé par le Sommet mondial de l’alimentation, à savoir réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la malnutrition.

En effet, ce nombre a augmenté d’environ 44 millions en Afrique subsaharienne dans son ensemble depuis 1990, passant de 176 millions à une estimation de 220 millions en 2015.

Cela contraste avec la réduction mondiale du nombre de personnes souffrant de la faim qui a diminué de 1,011 milliards de personnes en 1990 à 795 millions aujourd’hui.

Le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté d’environ 20% en Afrique de l’Est, à cause des conditions climatiques défavorables et à la sécheresse. En Afrique centrale, ce nombre a presque doublé, principalement à cause des troubles civils.

Principaux facteurs du progrès

Le rapport présente brièvement les expériences réussies de certains pays africains ayant contribué à améliorer leur sécurité nutritionnelle et alimentaire par le biais de programmes, de mécanismes institutionnelles et de gouvernance ainsi que par des efforts visant à mettre en place et à maintenir des politiques novatrices.

« Le rapport 2015 sur l’insécurité alimentaire en Afrique présente également certains facteurs de changement positif qui déterminent les progrès accomplis en matière de sécurité alimentaire. Parmi ces facteurs multiformes et interdépendants figurent la croissance économique, la productivité agricole des petits exploitants, l’accès aux marchés, le commerce international, les programmes de protection sociale et l’accès rapide à l’information, » a déclaré M. Bukar Tijani.

Le rapport mondial sur l’insécurité alimentaire montre que l’essor de la productivité agricole a été un facteur clé ayant permis d’atteindre la cible 1.c des OMD concernant la faim.

Le rapport régional identifie un autre facteur clé en Afrique: la mise en œuvre le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) et qui cible des politiques visant à promouvoir l’égalité des sexes et qui donne la priorité aux domaines de l’agriculture, de l’environnement, de l’eau et de l’investissement.

L’Afrique de l’Ouest a enregistré des performances dans ce domaine, ayant obtenu des résultats nettement meilleurs en matière de réduction de la faim. Le renforcement de l’intégration régionale en est une des raisons : au cours des 30 dernières années, les organisations ouest-africaines ont largement investi dans la mise en place des institutions régionales et le renforcement des ressources humaines pour le développement de l’agriculture dans la sous-région ; en particulier, en matière de suivi de la sécurité alimentaire et de l’atténuation des risques.

Ces initiatives ont été menées par des institutions telles que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), et le Comité permanent inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS).

Cette évolution a contribué à une croissance économique renforcée qui a conduit à une amélioration considérable des conditions d’existence et du bien-être de millions d’africains.