Au Nigéria, les actes terroristes de Boko Haram ont déplacé plus de deux millions de citoyens au Nord-Est du pays. Un dixième d’entre eux sont actuellement confinés dans des camps où ils font face à une situation humanitaire intolérable. Quand aux 90% autres, ils ont fait comme ils ont pu. Certains ont trouvé refuge chez de la famille ou des amis, attestent les organisations humanitaires et les autorités.

Mais là, ils doivent faire face à un autre problème, la faim. Selon Idriss Mohammed, un responsable du quartier de Barakallahu dans la ville de Kaduna (centre), cité par l’AFP, ces personnes n’ont pas de quoi manger et la générosité des habitants ne peut satisfaire tout le monde. En plus, ces déplacés n’arrivent pas à trouver une école pour leurs enfants qui ont perdu deux années déjà.

Le calvaire dure depuis deux ans pour tout le monde. Comme le retour aux villages paraît impossible, personne n’ose même y penser, les réfugiés s’adaptent et prennent leur mal en patience, dans le dénuement le plus total : « Depuis presque deux ans que nous sommes ici, personne ne nous a distribué de la nourriture », raconte à l’AFP Hadiza Saleh, réfugiée chez sa famille.

Elle a fui le village d'Izghe, dans l'Etat de Borno (nord-est) où des membres de Boko Haram, déguisés en soldats de l'armée nigériane, avaient massacré 106 habitants en février 2014. Une autre femme se plaint, sa situation est encore plus terrible : « ll faut que je mange correctement pour que mon bébé ait assez de lait et j'ai peur qu'il souffre de malnutrition si mon état général ne s'améliore pas ». Zainabu Ali, 30 ans, mère de sept enfants, ne mange pas à sa faim.

C’est un véritable drame humanitaire qui ne choque apparemment personne. Pourtant toutes ces personnes sont victimes du terrorisme que l’on semble vouloir combattre partout ailleurs. On est déjà dans la malnutrition confirme à l’AFP l'ONG WomanBeing International, installée à Kano (nord).

« Les symptômes de la malnutrition (...) sont présents chez plus de 60% » des 8.000 enfants vivant dans le camp de Dalori, qui abrite 20.000 personnes à Maiduguri, dans la capitale de l'Etat de Borno, berceau de Boko Haram régulièrement frappé par les attentats-suicides et raids meurtriers des insurgés

En fuyant leurs villages, les déplacés de Boko Haram se sont coupés de leurs sources habituelles de subsistance et de revenus, agriculture pour les uns, petit commerce pour les autres.

Et les décisions des autorités ne font rien pour atténuer les souffrances. Selon une source sécuritaire bien informée, citée par l’agence France Presse, les autorités de l'Etat de Kaduna ont renoncé à ouvrir des camps de déplacés pour des raisons de sécurité, accentuant les difficultés pour les organisations humanitaires à atteindre ces populations.

Pire encore. Boko Haram ne semble pas renoncer à poursuivre les déplacés même loin de chez eux. Dans les camps même, femmes et enfants sont parfois rattrapés par les violences qu'ils ont tenté de fuir, indique l’AFP qui rappelle qu’en septembre dernier, une bombe artisanale avait explosé dans un camp de la ville de Yola, capitale de l'Etat d'Adamawa, qui concentre de nombreux déplacés.

Exemple plus récent encore, une kamikaze a tué sept personne dans la périphérie de Maiduguri. Les victimes sont essentiellement des femmes et d'enfants qui venaient de Dikwa, à 90 km de là, à la recherche de moyens de subsistance.