A l’occasion du 63e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, le Roi Mohammed VI vient d’adresser un discours à la Nation. Le Souverain y a réservé une place importante à l’Afrique. C’est ce qui fait dire à Abdellah Boussouf, Secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, qu’il s’agit d’un discours historique.

En effet, il a été beaucoup question de l’Afrique dans le discours royal. On peut citer notamment ces passages : «En dépit des grands dégâts que le colonialisme a occasionnés, Nous sommes convaincu que l’Afrique est capable d’assurer son propre développement et de changer par elle-même son destin, grâce à la forte détermination de ses peuples, à leurs potentialités humaines et à leurs ressources naturelles.

De fait, Notre décision concernant la réintégration par le Maroc de sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle continentale, n’est que l’illustration de cet engagement d’aller de l’avant pour faire prévaloir les Causes qui sont celles de ses peuples.

Car l’Afrique, pour le Maroc, c’est bien davantage qu’une appartenance géographique et des liens historiques. Elle évoque, en vérité, des sentiments sincères d’affection et de considération, des liens humains et spirituels profonds et des relations de coopération fructueuse et de solidarité concrète. Elle est, somme toute, le prolongement naturel et la profondeur stratégique du Maroc.

Ce lien pluridimensionnel fait que le Maroc est au cœur de l’Afrique, et ménage à l’Afrique une place dans le cœur des Marocains. Et c’est pourquoi Nous l’avons inscrite au centre de la politique étrangère de notre pays.

Nous avons la conviction que l’intérêt du Maroc, c’est aussi l’intérêt de l’Afrique, et que son devenir ne peut se concevoir sans elle. Nous pensons que le progrès et la stabilité sont partagés ou ne sont pas.

Le Maroc donne toujours aux peuples de son continent sans attendre d’en recevoir une contrepartie. Son engagement en faveur des Causes et des préoccupations de l’Afrique n’a jamais été motivé par une volonté d’exploitation de ses richesses et de ses ressources naturelles, contrairement à ce que l’on désigne sous le vocable de néocolonialisme.

S’il est naturel que le Maroc tire parti de la coopération avec ses frères d’Afrique, il tient toujours à ce que ce soit mutuellement profitable.

Nous ne considérons pas l’Afrique comme un marché pour vendre et écouler les produits marocains, ou un cadre pour le lucre rapide, mais plutôt comme un espace d’action commune pour le développement de la région, au service du citoyen africain.

C’est dans ce contexte que le Maroc, aux côtés des Etats d’Afrique, apporte son concours à la réalisation de projets de développement humain et de prestations sociales ayant un impact direct sur la vie des populations de la région.

Ainsi, le Maroc ne se limite pas à exporter des médicaments, mais il tient à construire des laboratoires pharmaceutiques, et bâtir des établissements et autres centres de santé.

En outre, il réalise des infrastructures et des centres de formation professionnelle et technique, ainsi que des projets générateurs d’emplois et de revenus stables, comme les villages de pêcheurs. Par ailleurs, il apporte son soutien aux petits agriculteurs et encourage la préservation des écosystèmes.

(…)Cette vision solidaire intégrée qui régit les relations du Maroc avec ses frères en Afrique, exige de tous les acteurs devant lesquels nous avons ouvert la possibilité de s’inscrire dans cette démarche, qu’ils assument leurs responsabilités et honorent leurs engagements, pour garder intacte la crédibilité du Maroc.

L’Afrique, pour Nous, n’est pas un objectif; c’est plutôt une vocation au service du citoyen africain, où qu’il soit».

Sensible aux questions migratoires, Abdellah Boussouf note avec satisfaction les déclarations du Souverain concernant à la fois les marocains du monde et les migrants africains. Le Roi Mohammed VI a résumé en ces termes l’esprit de la stratégie marocaine dédiée aux migrants subsahariens : «Le Maroc compte parmi les premiers pays du Sud à avoir adopté une politique solidaire authentique pour accueillir les migrants subsahariens, selon une approche humaine intégrée, qui protège leurs droits et préserve leur dignité.

Pour mettre en œuvre cette politique, notre pays, sans condescendance, ni arrogance, ni dénigrement ni discrimination, a procédé à la régularisation des migrants, conformément à des critères raisonnables et équitables, en créant pour eux les conditions appropriées pour s’établir, travailler et vivre dignement au sein de la société.

Ceci n’a rien d’étonnant quand on connaît l’accueil réservé par les Marocains à leurs hôtes. En effet, les qualités d’hospitalité, de bienveillance et de cordialité, sont ancrées dans notre culture et nos traditions séculaires». Et le Souverain d’ajouter : Le Maroc a longtemps récusé les méthodes suivies par certains pour traiter les questions de la migration, méthodes qui, se sont, d’ailleurs, révélées inopérantes. Par contre, il est fier de l’action qu’il mène dans le domaine de l’accueil et de l’intégration des immigrés. Et il ne reviendra pas sur cette approche pratique et humanitaire.

Quant à ceux qui le critiquent, ils feraient mieux, avant de lui chercher noise, d’offrir aux immigrés ne serait-ce qu’une infime partie de ce que nous avons réalisé en la matière».

S’adressant aux Marocains résidant à l’étrange, le Roi Mohammed VI les a exhortés à préserver la bonne réputation qui fait leur notoriété, à s’armer de patience face à cette conjoncture difficile, à s’unir et à être toujours en première ligne parmi les défenseurs de la paix, de la concorde et du vivre-ensemble dans leurs pays de résidence respectifs.

Boussouf se félicite de cet appel royal et se réjouit de l’éclairage qu’il a bien voulu apporter, en sa qualité de Commandeur des croyants, concernant le jihad pour contrer l’obscurantisme et le terrorisme.

«Les terroristes qui agissent au nom de l’Islam ne sont pas des musulmans et n’ont de lien avec l’Islam que les alibis dont ils se prévalent pour justifier leurs crimes et leurs insanités. Ce sont des individus égarés condamnés à l’enfer pour toujours.

(…)Dans l’Islam, le Jihad est soumis à des conditions rigoureuses, entre autres qu’il n’est envisageable que par nécessité d’autodéfense, et non pour commettre un meurtre ou une agression, car attenter à la vie au nom du Jihad est un acte illicite.

Parmi les conditions de sa validité, il y a aussi le fait que l’appel au Jihad est du ressort de la Commanderie des Croyants, et qu’il ne peut émaner d’aucun individu, ni d’aucun groupe.

Ceux qui incitent au meurtre et à l’agression, qui excommunient indûment les gens et qui font du Coran et de la Sunna une lecture conforme à leurs intérêts, ne font que colporter le mensonge au nom de Dieu et du Prophète».

Le Souverain a également affirmé : «Nous sommes tous visés. Quiconque pense ou croit en ce que Je dis est une cible potentielle pour le terrorisme, qui a déjà frappé le Maroc, puis l’Europe et de nombreuses régions du monde.

Face à la prolifération des obscurantismes répandus au nom de la religion, tous, musulmans, chrétiens et juifs, doivent dresser un front commun pour contrecarrer le fanatisme, la haine et le repli sur soi sous toutes les formes».

En faisant référence à ces déclarations du Souverain, le Secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger les considère comme la meilleure explication de ce qu’est l’islam marocain dont doivent s’inspirer les musulmans du monde entier.

Boussouf souligne aussi ce rappel du Souverain que la célébration des évènements historiques, «ce n’est pas seulement pour en évoquer le souvenir, mais c’est aussi pour méditer les valeurs et les principes qui ont inspiré aux générations précédentes la volonté de construire le présent et d’aborder l’avenir en toute confiance».