Une nouvelle loi dite « de réconciliation avec les fonctionnaires de Ben Ali » suscite la polémique en Tunisie. Adoptée mercredi dernier au terme d'un long débat au Parlement, elle prévoit l'amnistie des responsables gouvernementaux accusés de corruption sous l'ancien président.

La société civile mais aussi l'opposition dénoncent un coup fatal porté à la transition démocratique tunisienne. Pour Amine Alouche, membre de l'association Al-Bawsala (la boussole), qui observe la vie parlementaire, cette loi encourage l'impunité et le laisser-aller.

« Cette loi de réconciliation est un pas en arrière pour les libertés en Tunisie. Elle offre une amnistie, pas une réconciliation. Elle ouvre la voie à la corruption des fonctionnaires comme ces ministres et hauts responsables de l'Etat qui ont servi sous le régime de Ben Ali. Ils étaient impliqués dans un engrenage de fraudes administratives qui a mené, à plusieurs reprises, à des fraudes fiscales et économiques », affirme-t-il.

Mais d'un autre point de vue, comme le précise Samir Ladibi, avocat et représentant de Nidaa Tounes : « Cette loi vient s’appliquer aux fonctionnaires qui ne sont pas impliqués dans des affaires de corruption ou de détournements de fonds, et qui ont seulement exécuté des ordres. Ces gens-là sont donc des fonctionnaires qui ont exécuté des ordres ou qui ont fait des petites fautes de gestion ».

Cette loi intervient suite à un vaste remaniement - début septembre - au cours duquel d'anciens ministres du président déchu Ben Ali ont rejoint le gouvernement à des postes importants. Un remaniement perçu comme un renforcement de la mainmise du président Beji Caïd Essebsi sur le gouvernement en vue des élections municipales, législatives et présidentielle de 2019.