Imputer la corruption en Afrique aux seuls Africains, serait une mauvaise analyse de la situation. Cette phrase riche de sens est de Mo Ibrahim, un homme d'affaires soudanais.

 

Mo Ibrahim a partagé une réflexion digne de ce nom alors qu'il accordait une interview exclusive à une envoyée spéciale au Forum Africa Convergence qui s'est récemment tenue au Maroc: "Imputer la corruption en Afrique aux seuls Africains, serait une mauvaise analyse de la situation", a-t-il asséné.

Le philanthrope qui s'est proclamé porte-parole de l'anti-corruption en Afrique, est persuadé que les mauvaises pratiques commerciales sont pour beaucoup dans l'appauvrissement du continent africain

"L'Afrique n'est pas plus corrompue que n"importe quel autre endroit autour de nous. Pour chaque leader africain corrompu, nous avons 1000 hommes d’affaires européens, américains et chinois corrompus, où sont ces personnes ?", s'est-il interrogé, avant de poursuivre avec une once d'inquiétude: "Pourquoi parler seulement de la corruption africaine ? Qu’en est-il de la corruption chinoise, de la corruption américaine et de la corruption européenne ? Nous devons être vraiment justes en ce qui concerne la corruption. Qu’en est-il des entreprises qui ne paient pas d’impôt en Afrique ? Qu’en est-il de la réduction des profits, des mauvais prix ? Il y a beaucoup de corruption autour de nous. Qu’en est-il des sociétés anonymes ?", a-t-il poursuivi.

Mo Ibrahim n'a visiblement pas peur des mots. S'il est vrai que la corruption est une réalité sur le continent, il est aussi vrai que "les dirigeants africains n’ont pas le monopole de la corruption" dans le monde. Raison pour laquelle il est important de débattre de la question en toute neutralité pour attaquer le mal à la racine.

Depuis des décennies, Mo Ibrahim a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, à travers notamment l’attribution d’un prix que décerne sa fondation.

Le prix de la bonne gouvernance: Pas de bon candidat !

Lors des éditions de 2009, 2010, 2012, 2013, 2015 et 2016, cependant, aucun dirigeant africain n’a reçu le prix de la bonne gouvernance en raison des critères élevés que requiert le prix.