Le gouvernement camerounais a réagi samedi à un communiqué de l’ambassade des Etats-Unis dans le pays suggérant au président Paul Biya de «réfléchir à son héritage», et qui accuse Yaoundé d’«assassinats ciblés» dans les régions anglophones.

L’ambassadeur américain au Cameroun, Peter Henry Barlerin, a suggéré au président Paul Biya de «réfléchir à son héritage et à comment il veut que l'on se souvienne de lui dans les livres d'histoire», a indiqué un communiqué de l’ambassade américaine publié suite à une rencontre jeudi dernier entre les deux hommes. Une élection présidentielle est, en effet, prévue cette année au Cameroun. A 85 ans, dont 35 passés au pouvoir, le président Paul Biya ne s'est pas encore prononcé sur sa candidature au scrutin.

Yaoundé a répondu samedi au communiqué de la représentation diplomatique américaine. «Nous n'acceptons pas l'infantilisation de la nation camerounaise. C'est en toute connaissance de cause qu'ils (les Camerounais) mettent leur bulletin dans l'urne», a déclaré samedi par téléphone à l’agence AFP le porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary.

Le communiqué fait également état d’«assassinats ciblés», d’«incendies», et de «pillages de villages» perpétrés par le gouvernement dans les régions anglophones, ainsi que d’exactions commises par les séparatistes anglophones. A cela, Bakary a répondu: «Toute la nation camerounaise fait l'objet d'une agression violente de la part d'une minorité violente et extrémiste. (...) On ne peut pas mettre sur le même plan la victime et son bourreau». Et d’ajouter que le gouvernement mène des tentatives de «médiation» via «des commissions qui parcourent les régions anglophones comprenant des représentants de la société civile dont des chrétiens, des musulmans et des athées».

Le porte-parole du gouvernement camerounais a néanmoins exprimé la gratitude du Cameroun envers les Etats-Unis pour «le soutien protéiforme dans la lutte contre Boko Haram et dans l'appui aux militaires».