Des enquêteurs des Nations Unies ont accusé, mardi, l'armée congolaise et deux milices de crimes contre l'humanité dans la province du Kasaï, en proie à de violents conflits ethniques depuis 2016.

Sans fournir des chiffres précis sur le nombre de victimes, les experts nommés par le Conseil des droits de l'Homme ont estimé dans un rapport, présenté à Genève, que plusieurs milliers de personnes dont de nombreux enfants ont été tuées dans les violences.

Le rapport présenté devant l'organe onusien "ne reflète qu'une petite partie des actes et crimes" perpétrés, ont-ils fait observer.

Selon l'ONU, les affrontements auraient fait plus de 3000 victimes dans cette région de la République démocratique du Congo (RDC) et près de 1,5 million de déplacés. Les violences avaient démarré après l'assassinat d'un chef de la milice Kamuina Nsapu par les militaires.

Aussi bien l'armée congolaise que ce groupe et ceux des Bana Mura ont mené contre les civils des attaques systématiques, selon les enquêteurs qui concluent à des crimes contre l'humanité, des violences sexuelles et de multiples persécutions.

L'armée et les Kamuina Nsapu seraient aussi responsables de crimes de guerre pour certains de ces abus, mais aussi de pillages, de recours aux enfants ou des assauts contre des centres de santé.

L'an dernier, deux spécialistes de l'ONU ont été tués de manière "préméditée" alors qu'ils menaient des investigations sur des fosses communes. "Un très sérieux problème d'impunité subsiste", a révélé l'équipe onusienne, rappelant que la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a exprimé sa préoccupation.

Les enquêteurs demandent au secrétaire général de l'organisation internationale de "suivre de près" les investigations congolaises sur le décès des deux spécialistes onusiens tués après avoir été enlevés avec leurs accompagnateurs.