Malgré un riche potentiel, l'Afrique centrale est à la traîne en matière de tourisme sur le continent. Pourquoi ce retard, et qu'est-ce qui est fait pour le rattraper?

Le tourisme en Afrique centrale a du mal à décoller. Confrontée à d’importants défis sécuritaires, la région a du mal à séduire autant les investisseurs que les touristes. Même le Cameroun, qui est relativement stable par rapport à ses voisins, accueille chaque année autour de 1 million de visiteurs. Un chiffre faible au vu du fort potentiel touristique dont jouit le pays, et qui est faiblement exploité.

Devenu une destination touristique en 2010, le Cameroun s'est concentré au départ sur le développement des parcs naturels (le pays est parfois surnommé "l'Afrique en miniature"), mais cela est en train de changer. Les autorités sont en train d’engager une politique de diversification des sites touristiques, a déclaré jeudi Taybe Ngaba, directeur des Entreprises touristiques au ministères du Tourisme du Cameroun, lors du Forum de l’Investissement hôtelier africain (FIHA 2019). Le focus est notamment mis sur le balnéaire, le tourisme de montagne, et l’écotourisme, a précisé le responsable.

Le Cameroun a également adopté une politique d’encadrement des investisseurs pour accroître son réceptif, en vue de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) qu'il abritera en 2021. Pour anticiper l'affluence de que va générer cet événement dans le pays, le gouvernement a adopté une politique de facilitation domanial.

De nombreux freins

Au Gabon, le tourisme est encore à l’état "embryonnaire", a déclaré, de son côté, Carine Cécilia Arissani, directrice générale de l’Agence gabonaise de développement et de promotion du tourisme et de l’hôtellerie (AGATOUR). Le pays rencontre, en effet, plusieurs freins au développement du tourisme. Pendant longtemps, le département du tourisme a été rattaché à d’autres ministères, avant de devenir récemment un ministère à part entière, signe d’une prise de conscience du gouvernement envers le développement du secteur.

Pas moins de 13 parcs nationaux existent au Gabon, couvrant près de 11% du territoire, sans compter plusieurs sites touristiques non exploités, a poursuivi Arissani. La responsable a également déploré "beaucoup de soucis en termes d’implantation d’hôtels et de lodge" dans le pays. Il y a donc à faire dans ce sens, et le pays invite les grandes chaînes hôtelières à s'installer sur son territoire.

Arissani a, par ailleurs, confié à Pouvoirs d'Afrique que "de nombreuses entités ministérielles sont un frein au tourisme". Et d'illustrer: "Les transports coûtent cher pour venir au Gabon, le pays accuse un gros manque en matière de formation, et l'accueil des touristes laissent beaucoup à désirer. Il y a un gros travail à faire".

L'expertise marocaine au service d'un pays frère

Afin d'aborder véritablement le virage touristique, le Gabon a signé un accord de coopération touristique avec le Maroc, a rappelé Arissani. dans le cadre de ce partenariat, le royaume, première destination touristique sur le continent, avec plus de 12 millions de visiteurs accueillis en 2018, met son expertise au service de ce "pays frère", notamment à travers la formation. "Des experts marocains doivent se rendre au Gabon cette année pour nous aider à mettre en place notre stratégie", a conclu Arissani.