Les travaux de la 3édition de la Conférence annuelle sur la paix et la sécurité en Afrique (African Peace and Security Annual Conference – APSACO 2019), se sont ouverts  mardi 18 juin à Rabat.

Organisé sur deux jours par le Policy center for the New South (PCNS), cet événement de haut niveau réunit des experts et responsables politiques, militaires et économiques autour du thème « La Place et influence de l’Afrique dans un monde en mutation ». Les travaux ont démarré par une discussion animée par Hugo Sada, promoteur du Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique, et l’ancien Premier ministre malien Diango Cissoko.

Un déficit de leadership

Prenant la parole en premier, Sada s’est penché sur les défis de l’Afrique. S’il reconnaît que notre continent a des atouts, des ambitions, et veut un nouvel « ownership », l’expert souligne que l’Afrique à un déficit de leadership à combler : « Pour occuper sa place dans le monde, l’Afrique doit surmonter les dépendances économique et stratégiques, et elle n’y est pas encore ». D’après lui, cinq défis majeurs restent à relever pour l’Afrique pour qu’elle ne soit plus un objet mais un sujet, un acteur, des politiques mondiales.

En premier lieu vient le développement: « l’Afrique est encore trop dépendante de ses exportations de matières premières et de son intégration économique», souligne Sada, ajoutant à ces difficultés la corruption qui fait perdre au continent 150 milliards de dollars chaque année, selon les chiffres de la Banque africaine de développement (BAD).

Le second défi est celui de la gouvernance, de nombreux pays africains ayant plus que jamais besoin d’un Etat de droit, où règne la sécurité juridique, mais la majorité d’entre eux sont trop faibles face à ce défi. L’Afrique est par ailleurs, frappée par des crises et des conflits qui engendrent de nouvelles menaces face auxquelles les appareils sécuritaires ne sont pas du tout adaptés.

Quatrièmement, « l’Afrique est certainement riche de sa diversité, mais elle est confrontée au problème de ses divisions politiques ». Et enfin, sur le plan démographique, l'Afrique est confrontée au défi de la migration, qui a engendré une situation de confrontation entre le nord et le sud. Néanmoins, malgré ce tableau pas peu rassurant, Sada nous exhorte à ne pas verser dans l’afro-pessimisme.

« J’ai confiance en l’avenir de l’Afrique »

Son point de vue est partagé par le second intervenant, Diango Cissoko. « J’ai confiance en l’avenir de l’Afrique », assure l’ancien Premier ministre malien, qui en veut pour preuve que l’Afrique s’est libérée du joug colonial après des dizaines d’années de présence de puissances étrangères sur son sol, et c’était le départ de l’espoir.

Mais en sortant de la colonisation, souligne le continent s’est vu confier des responsabilités, qu'il doit assumer pour réaliser son développement. « Nous avons de nouvelles responsabilités, et l’exercice de ces responsabilités ne sera pas un long fleuve tranquille », prévient l'ancien chef du gouvernement malien.

Cissoko évoque également le problème de la gouvernance en Afrique: « Nos dirigeants n’ont pas toujours été à la hauteur des mandats qui leurs ont été confiés, si bien que les espoirs ont été déçus ». Mais il appelle à ne pas se décourager, et à garder espoir, notamment en la jeunesse africaine. A cet égard, il insiste sur le rôle des « devanciers », qui doivent indiquer la « voix du salut » aux jeunes.

Enfin, et surtout, Cissoko insiste sur le fait que seuls les Africains doivent prendre leur propre destin en main, car « nous avons des partenaires qui ont des ambitions pas pour nous, mais pour eux, pour leur peuple et c’est leur droit et leur devoir. Ne nous trompons pas ».