La présidente du Conseil économique, social et environnemental du Sénégal, Aminata Touré, que L’Observateur du Maroc et d’Afrique (www.lobservateur.info) et Pouvoirs d’Afrique (pouvoirsafrique.com) a interviewée au terme des travaux du Sommet de Lomé sur les faux médicaments, est fidèle à elle-même. Avec son franc parler habituel, ses mots concis et précis, elle va droit au but en décrivant les trafiquants des médicaments falsifiés de criminels et de marchands de la mort, qu’il faut interpeller et sanctionner sévèrement.

En félicitant la Fondation Brazzaville pour avoir « suscité le Sommet de Lomé », Aminata Touré rappelle des chiffres effrayants pour donner un aperçu sur les dégâts des médicaments falsifiés, modifiés ou de faible qualité et qui représentent jusqu’à 70% des médicaments en vente dans certains pays africains.

Face à l’ampleur des dégâts des médicaments contrefaits, la présidente du CESE sénégalais a bon espoir de voir les pays africains mobilisés après le Sommet de Lomé et compte beaucoup sur l’Agence africaine des médicaments pour que des mesures de contrôles des médicaments soient communément prises au sein du continent. Surtout qu’il y a, alerte-t-elle, une double urgence, à la fois pour préserver la santé publique mais également la sécurité.

Aminata Touré n’omet pas de souligner que le terrorisme est financé, en partie, par les flux financiers générés par le trafic de faux médicaments. Autre chiffre alarmant qu’elle met en exergue, celui de la production locale des médicaments, qui répond à peine à 40% des besoins en produits pharmaceutiques dans les pays africains alors que tout le reste est importé.

« Il va falloir très rapidement développer de grands groupes pharmaceutiques africains, sous la forme de joint-ventures par exemple, pour fabriquer localement ne serait-ce que les produits génériques de première nécessité », suggère la présidente Aminata Touré, qui plaide pour la souveraineté pharmaceutique de l’Afrique.

Entretien réalisé à Lomé par Mohammed Zainabi et Abdelhak Razek