Les statistiques de la criminalité en Afrique du Sud pour le premier trimestre de cette année font froid dans le dos. Avec près de 11.000 femmes violées et 6.083 personnes assassinées, dont 898 femmes et 306 enfants, le pays est en guerre contre lui-même.

Ces chiffres, qui font d’ailleurs sourciller, donnent la mesure de l’ampleur de la criminalité en Afrique du Sud, l’un des pays les plus violents au monde, avec 74 meurtres et 122 plaintes pour viol par jour.

Le ministre de la Police, Bheki Cele, qui a présenté la semaine dernière les statistiques trimestrielles sur la criminalité à la commission parlementaire du portfolio de la Police, a brossé un tableau sombre de la situation sécuritaire dans le pays.

"Les trois premiers mois de l'année ont été violents, brutaux et dangereux pour de nombreux Sud-africains", a déploré M. Cele, notant que "les viols, les meurtres et les tentatives de meurtre ont tous affiché une augmentation notable par rapport aux trimestres précédents".

Pour sa part, le chef de la recherche policière et des statistiques sur la criminalité, Norman Sekhukhune, a souligné que les meurtres ont augmenté de 22,2 % au 1er trimestre, par rapport à la même période de l'année précédente. "Cela signifie qu'il y a eu 1.107 meurtres de plus au cours de cette période", a-t-il poursuivi, signalant que les violes ont également augmenté de 13,7 %.

Réagissant à cette situation sécuritaire qui se détériore d’une année à l’autre, les députés ont exprimé leur indignation face à l’impuissance de la police à faire face aux réseaux du crime et à réduire la violence au sein de la société sud-africaine.

Le député de Freedom Front Plus (FF Plus), Pieter Groenewald, a déclaré ainsi que les statistiques sur la criminalité étaient très inquiétantes, en particulier en ce qui concerne la violence contre les femmes et les enfants.

"Ce qui m'inquiète le plus, c'est lorsque nous examinons les meurtres commis contre les femmes et les enfants qui ont augmenté de 70,5 % et de 37,2 % respectivement", a-t-il dit.

Pour sa part, le député de l'Alliance démocratique (DA), Okkie Terblanche, a appelé le ministre de tutelle à démissionner en raison de la situation sécuritaire qui s’aggrave. "L’augmentation constatée au niveau de toutes les catégories du crime signifie que la police est en train de perdre le combat contre la criminalité", a-t-il dit, estimant que «les pays en guerre semblent beaucoup plus sûrs que l'Afrique du Sud».

Même son de cloche pour le député du Parti chrétien-démocrate africain (ACDP), Kenneth Meshoe, qui a affirmé que "les chiffres présentés parlent d'eux-mêmes. Notre pays est devenu une scène de crime".

La veille de l’annonce de ces statistiques alarmantes, les partis politiques sud-africains avaient appelé le Président Cyril Ramaphosa et le gouvernement à un dialogue sur les principaux défis auxquels le pays est actuellement confronté, notamment ceux liés à l’insécurité.

En effet, l’aspect sécuritaire représente depuis de longues années une source de préoccupation majeure pour les autorités de ce pays d’Afrique australe, considéré comme l’un des plus dangereux au monde.

Les conditions sociales et économiques de larges pans de la population sont ainsi au cœur de la hausse constante de la criminalité en Afrique du Sud. Avec une croissance en berne, un taux de chômage record (34,5 pc) et des inégalités des plus criantes au monde, la Nation arc-en-ciel ne semble pas sur la bonne voie pour remédier à ces maux qui la déchirent.