Extravagance, faste insolent, tenues excentriques (…) le décor de la téléréalité africaine est planté. Derrière ce trop-plein de tape-à-l’œil, le besoin de rompre avec d’anciens clichés…

Exit la précarité reportée par les bulletins news étrangers, bienvenue aux univers luxueux où une élite continentale fait la pluie et le beau temps. Les émissions de téléréalité made in Africa affichent la couleur et ne reculeront plus !

Le dernier show en date Young, Famous & African intègre totalement le principe. Avec son casting de millionnaires habitant des villas cossues et s’hydratant au champagne rosé, le public est servi. Personne n’est pauvre, personne n’expérimente de passage à vide. On y découvre des hommes et des femmes au top de leurs carrières, qui ne se retrouvent que pour mieux dépenser.

Welcome in Africa 

Pour les producteurs, il devient urgent de tourner le dos aux stéréotypes, quitte à faire dans l’emphase. A l’instar de « The Real Housewives of LA », le show qui a donné naissance à des dizaines d’ersatz à travers le monde, Young, Famous & African ne lésine pas sur les moyens. Rien n’est trop beau ou trop coûteux pour la poignée d’élus, dont les frasques nous sont livrées comme de croustillants petits canapés sur un plateau doré. Fini également la pudibonderie judéo-chrétienne. Les héroïnes n’hésitent pas à arborer décolletés vertigineux et vêtements très près du corps. Il était temps ? Difficile de trancher…

« Certaines références sont dépassées et le show business local veut le faire savoir à travers des œuvres n’ayant rien à envier aux téléréalités occidentales. Les africains en ont assez que le reste de la planète les prenne tantôt pour des primitifs, tantôt pour des ressortissants de pays pauvres et en guerre. C’est défendable » explique Nicole Badji, sociologue, spécialisée en questions audiovisuelles.

Ce qui l’est un peu moins en revanche, c’est le côté surfait de la chose. Les personnages pourtant bien réels, donnent l’impression d’en afficher plus qu’il n’en faut. « C’est très récent chez nous, on essaie de reproduire ce qui se passe ailleurs, d’adopter un comportement décomplexé face à l’argent, d’exprimer des sentiments devant la caméra, de parler de sexe, mais dans le fond rien de cela ne nous ressemble vraiment. Ces personnes miment des comportements à leur sauce » affirme la sociologue.

Le mimétisme plaît en tout cas. Preuve en est sa reconduction au petit écran. D’autres concepts ont bien tenté de pointer du nez, mais ils n’ont pas rencontré le même succès. Le message est clair : Ce sera sensationnel ou cela ne sera pas !

« Plus les individus sont flamboyants, plus ils cartonnent et c’est ce qu’ils veulent, car une grosse audience signifie le tournage de nouvelles saisons, peu importe de sortir de sa zone de confort à ce moment-là ». La loi de l’offre et de la demande en somme…