Les chanteurs congolais sont actuellement à l’origine d’un quart de la production Hip Hop en France. Un succès qui s’explique par plusieurs facteurs.

Le rap français s’exporte depuis la fin des années 80, mais progressivement ses chefs de files (MC Solaar, Iam, NTM, EJM…) ont cédé la place à une nouvelle garde, issue de l’immigration congolaise. Maître Gims, Dadju, Niska, Youssoupha, pour ne citer qu’eux, ont fait de la scène musicale française leur terrain de jeu, fusionnant français et lingala au niveau des paroles, hip hop et rumba congolaise dans leurs tempos.

La sauce a vite pris en raison d’une prédisposition historique des artistes, couplée à un regain d’intérêt pour les rythmes afro. Si la musique est très présente dans les deux Congo, elle a été mise en exergue par le christianisme, où la messe incluait elle aussi beaucoup de chants. Vient ensuite la sonorité du dialecte le plus parlé dans ces pays : le Lingala. Se prêtant bien aux nouveaux morceaux, il a été intégré par couplets entiers afin d’adresser un clin d’œil appuyé aux origines des rappeurs franco-congolais. Ces derniers, refusant de se laisser emmurer par la culture de la cité, ont mis un point d’honneur à puiser dans celle de leurs parents.

Résultat des courses, des tubes qui balancent encore plus que ceux de l’époque, des chorégraphies qui entrainent davantage et un public plus large rallié à la cause. Marqueur identitaire, ce rap métissé reflète aujourd’hui la diversité de la population française, un peu comme le Raï’N’B en début 2000. Cette production reflète aussi un changement de donne dans une industrie faisant la part belle à une diaspora congolaise fière de sa culture et soucieuse de la transmettre.