Sortie en France depuis deux jours la première fiction de cette réalisatrice sénégalo-française a non seulement décroché deux prix à Venise mais va également faire son petit bout de chemin aux Oscars.

Saint Omer est un drame poignant sur fond de précarité, d’immigration et de féminisme. Adapté d’un fait divers datant de 2013, le long-métrage d’Alice Diop est une œuvre dont on ne sort pas indemne.

Celle qui nous avait habitués à des documentaires (très souvent primés) a fait le grand saut et s’est attaquée au sujet de l’infanticide. Workaholic acharnée, la cinéaste a voulu bifurquer pour remettre les points sur les i, comme elle se plaît à le dire dans les médias. En tournant, elle donne une voix à ceux que la société se plaît et se complaît à ignorer.

Sélectionné pour représenter la France aux Oscars, son film est la sensation du moment et met en scène l’histoire de Laurence Coly, mère indigne (ou mère victime ?) qui noie volontairement sa petite fille de 15 mois. Face à l’empressement que l’on a à juger l’acte en lui-même, une écrivaine va tenter de comprendre, d’extirper le vrai du faux et d’exorciser ses propres démons.

Le rendu est fort et ce que l’on craignait (l’évidence émotionnelle) est rigoureusement contourné dans un environnement de femmes fortes mais toujours humaines.