Tentant désespérément de joindre les deux bouts, les hararais ont trouvé dans le billard un moyen de se faire quelques billets mais aussi d’en perdre…

L’inflation mordante qu’expérimente le pays oblige les citoyens à se débrouiller comme ils peuvent pour boucler leurs fins de mois. Jeux de hasard, boulots parallèles et tout dernièrement le billard ! Chaque après-midi, des centaines de parties sont jouées dans des bars clandestins. Les gagnants empochent de coquettes sommes qui leur permettent de s’acquitter des dépenses du quotidien.

Ce qui auparavant était un hobby de « riches », s’est mué aujourd’hui en un gagne-pain comme les autres au sein des quartiers populaires de la capitale. On vient tenter sa chance dans ces tournois où les gains peuvent parfois atteindre plus de 100 dollars.  Selon une enquête menée par africanews, l’effectif des joueurs a été multiplié par 4 à Harare. L’activité attirerait même des zimbabwéens originaires d’autres villes.

Mais ces salles de jeu poussant comme des champignons, cachent aussi une certaine détresse.  Si beaucoup viennent dans l’espoir de se faire de l’argent, la grande majorité repart bredouille et endettée jusqu’au cou. Conscients des dangers, les forces de police mènent régulièrement des descentes dans les townships pour disperser les parieurs et saisir les équipements. Une solution en perte de vitesse, puisque les organisateurs des parties se sont mis à soudoyer les agents. Contre deux ou trois dollars, les policiers acceptent de fermer les yeux.

Anxieux de voir le phénomène s’étendre aux plus jeunes, l’opinion publique tente désespérément de tirer la sonnette d’alarme ; Seulement dans un Etat où le taux de pauvreté est supérieur à 70%, ce serait comme prêcher dans le désert…